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Mort de saint Louis devant Tunis
© Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
Date de publication : décembre 2019
Contexte historique
Un Saint dynastique mort en croisade célébré sous la Restauration
Présentée au salon de 1817, l'œuvre de Georges Rouget, élève de J.L. Cela n'est pas étonnant car Louis IX ou Saint-Louis est célébré depuis le XVIIe siècle comme le saint protecteur des Bourbons, Henri IV devant ses droits légitimes sur le trône de France au fait d'en descendre par Robert de Clermont son 6ème fils. En 1814, un des premiers actes de Louis XVIII, soucieux de renouer l'histoire dynastique après la Révolution, est de restaurer l'ordre militaire de Saint-Louis créé par Louis XIV en 1693 et aboli par la Convention cent ans plus tard.
Ce tableau connait un certain succès. Plusieurs fois copié, il est sélectionné en 1837 pour intégrer le musée de l'histoire de France de Versailles, pour lequel Rouget peint aussi des œuvres originales, pour la Salle des croisades notamment.
La mort de Louis IX, sujet de ce tableau, survient le 25 août 1270 lors de la VIIIème croisade, la seconde pour lui, à laquelle il a participé contre l'avis de ses proches. Son adversaire le sultan mamelouk Baïbars est en Égypte mais c'est vers la Tunisie, après un regroupement en Sicile, qu'a vogué la flotte royale dans un but obscur pour les historiens. Devant Tunis, le roi veut attendre le renfort de son frère Charles d'Anjou, nouveau roi de Sicile pour passer à l'attaque. Il fixe son camp près des ruines de Carthage, où la chaleur d'août aggrave une épidémie mal identifiée - dysentrie, typhus scorbut indifféremment nommés peste au Moyen Âge - qui l'emporte après un de ses fils.
Analyse des images
Le père, le fils et l'oncle
Trois figures sont mises en valeur dans un public mêlant barons français, représentants de l'empereur de Constantinople et prélats.
Louis IX saisi juste après sa mort gît sur une couche simple sans être le lit de cendres évoqué par la tradition. Émacié - sans doute du fait de la maladie mais aussi des privations qu'il s'imposait par piété religieuse - mains croisées sur un grand crucifix, pieds nus, il est vêtu d'une simple chemise. Seule la couverture fleurdelisée froissée sur ses jambes renvoie à sa fonction royale.
Agenouillé près de lui, Philippe, son fils devenu roi de France à l'instant même de la mort de son père. Sur le chevet entre eux, une couronne, comme si la royauté avait quitté l'un sans avoir encore totalement investi l'autre. Charles d'Anjou vient d'entrer, portant encore son arme et vêtu de sa cape ornée de croix. Penché vers le défunt en un mouvement de sollicitude, il regarde d'un air hagard non vers lui mais vers le spectateur. Philippe III semble être représenté en position de faiblesse par rapport à son oncle, mais jouit de l'atout majeur de sa légitimité symbolisée par sa robe fleurdelisée et la proximité de la couronne.
Interprétation
Un scène historique faisant écho aux codes romantiques en vogue sous la Restauration
Rouget représente cet épisode historique fidèlement au récit qu'en fait Chateaubriand. Cette représentation montre donc une douleur intime et familiale, une grande religiosité chrétienne (marquée par le dénuement du roi défunt) ainsi qu'un goût pour le genre historique visible dans le traitement très minutieux (avec quelques anachronismes) des costumes des personnages principaux et de l'assistance.
Ce sont en effet des codes romantiques qui commencent à rencontrer un grand succès en littérature et que le peintre transpose ici. Ce tableau parmi de nombreux autres a aussi pour intérêt de contribuer à restaurer l'image de la royauté médiévale au travers de la figure d'un roi considéré comme exemplaire, afin de contribuer à légitimer la restauration des Bourbons en laissant croire à une forme de continuité historique, dynastique et religieuse séculaire par-delà la Révolution et l'Empire. C'est donc une œuvre qui cadre extrêmement bien avec les enjeux esthétiques et politiques de son époque, ce qui explique à la fois son succès immédiat au Salon de 1817 et dans les années qui ont suivi et son relatif oubli une fois la Restauration passée.
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- Charles d'Anjou
- Saint Louis (Louis IX, dit)
Bibliographie
Jacques LE GOFF, Saint Louis, Gallimard, Paris,1996
Sophie DELMAS, Saint Louis, Ellipses, Paris, 2017
Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture et gravure, des artistes vivans, exposés au Musée Royal des Arts, le 24 avril 1817, Paris, Imprimerie de madame Hérissant Le Doux, 1817, n° 673
François-René de CHATEAUBRIANT, Itinéraire de Paris à Jérusalem, dans Oeuvres complètes, P.H. Krabbe, Paris 1852 (consulté sur Gallica BNF)
Pour citer cet article
Laetitia REBIFFÉ-CARBONNE, « Mort de saint Louis devant Tunis »
Et ce n'est pas le cas))))
Ils avaient tort, bien sûr.
Bravo, excellente réflexion
Eh bien, comme on dit, le temps efface l'erreur et polisse la vérité
Frais!!! J'ai tout aimé !!!)))
Je trouve que tu n'as pas raison. Je suis sûr. Je vous invite à discuter. Écrivez en MP.